CARICATURES
& tECHNIQUES D’ALLUMAGE

Y - Les pyrogènes

Les pyrogènes sont tout simplement des porte-allumettes, objets très répandus avant la généralisation des briquets, car en l’absence d’électricité, ils étaient nécessaires aussi bien pour allumer un poêle qu’une lampe à pétrole… ou une pipe (on a fumé la pipe en France pendant les deux cents ans qui ont précédé l’apparition des cigarettes industrielles, dans la seconde moitié du XIXe siècle).

Les allumettes soufrées de l’époque, interdites aujourd’hui, s’enflammaient par frottement sur n’importe quelle surface, aussi les pyrogènes ne sont-ils que rarement munis d’un frottoir. Ils étaient en général disposés dans des emplacements stratégiques, posés sur les tables ou accrochés au mur, et mis à la disposition des visiteurs aussi bien dans les salons privés que dans les cafés.

Les matériaux et les décors dépendent du niveau social de ceux qui les utilisaient. Les pyrogènes pouvaient être en métal, bois, corne, grès, ivoire, porcelaine, etc. Certains d’entre eux contenaient une clochette pour appeler le serveur ; d’autres, illustrés d’images représentant des lieux visités, étaient rapportés comme souvenirs.

La production de pyrogènes a diminué puis s’est interrompue lorsque la boîte d’allumettes — sorte de pyrogène portable — et surtout le briquet, sont devenus des objets d’utilisation courante. De plus, les allumettes soufrées s’allumant n’importe où ont été remplacées par des allumettes au phosphore, moins dangereuses mais aussi moins pratiques.

Les pyrogènes exposés ici proviennent exclusivement de la donation Marie-Claire et Henri Duizend. Ils sont majoritairement originaires de la manufacture allemande Schäfer et Vater, fondée en 1890. Tous les moules ont été détruits lors de la fermeture de la manufacture en 1962, ce qui ne rend que plus précieux les exemplaires en biscuit polychrome présentés ici. Le biscuit est une sorte de porcelaine pour laquelle la dernière application (et cuisson correspondante) n’est pas réalisée. L’effet mat du biscuit est dû à l’absence de cette ultime « couverte ».

Comme le montre la collection Marie-Claire et Henri Duizend, les pyrogènes pouvaient être un excellent support pour la créativité et l’humour. Des fumeurs y sont représentés avec des traits exagérés, allant jusqu’à la caricature •

© Le musée du Fumeur